Pourquoi, alors que nous sommes cloîtrés entre nos quatre murs depuis le 17 mars 2020, nous les astiquons ? Comment se fait-il que le confinement nous invite à trier nos casseroles, nos fringues et nos papiers ? Certes, c’est le printemps, et qui dit printemps, dit généralement grand ménage. Un hasard calendaire ? On dirait : ça fait cinq printemps qu’on procrastine. Si cette année, on retrousse enfin nos manches, c’est plutôt parce que la situation inédite que nous traversons nous inspire… ou nous dépasse. Explications.
Pour combler l’ennui
Si certaines personnes sont complètement débordées entre télétravail, devoirs des enfants, carottes à éplucher et apéros sur Zoom, d’autres ont déjà épuisé leurs ressources. Quand on a fait 10 Scrabble, bouffé tout Netflix et regardé 25 fois la vidéo de Jean-Jacques Goldman, arrive toujours le moment où le temps s’arrête et l’ennui point. Alors on se dit que c’est l’occasion d’ouvrir son courrier, de nettoyer son frigo et de détartrer sa bouilloire, tâches que l’on repousse depuis 17 ans, d’ailleurs on ne sait même pas où elle est la bouilloire.
Pour bouger son corps
Une fois qu’on a usé de notre autorisation pour faire le tour du pâté de maison et qu’on a fini nos trois boîtes d’Hénaff à l’apéro (pour rester dans le thème), on réalise qu’on a fait quatre pas dans la journée, ce qui est très moyen. C’est sans dire, aussi, qu’on ressent le besoin de se dépenser. Alors entre deux tentatives de zumba en direct sur Instagram, on fait un peu de ménage, c’est toujours ça. Le Ministère des Sports est d’accord, on peut lire sur son site que « Les tâches ménagères sont des activités physiques : essayez d’y mettre plus d’énergie que d’habitude, cela renforcera vos muscles et vous fera peut-être transpirer ». OK.
Pour tuer le virus
A force d’entendre que le virus reste possiblement sur nos poignées de porte, nos vêtements ou nos emballages de yaourts, on a l’impression qu’il est partout (et qu’il nous voit, mais c’est une autre histoire). Alors on sort nos produits ménagers, déterminés à faire la guerre au Covid-19. On aère également la maison à fond, sauf si bien sûr, on a vue sur Leclerc ou Carrefour, détail qui nous met mal à l’aise. En tout cas, les consignes d’hygiène et la peur ambiante nous incitent, c’est évident, à entretenir notre intérieur et à le rafraîchir. Après tout, ça ne fait pas mal.
Pour se faire du bien
Ranger fait du bien, c’est prouvé, et c’est notamment le propos que tient Marie Kondo dans son bestseller « La magie du rangement » (éd. First). Lorsqu’on trie, notre stress diminue, mais surtout, on a le sentiment de reprendre le contrôle sur soi et son environnement, exactement ce dont on a besoin actuellement. Et puis, mettre de l’ordre autour de soi permet de mettre de l’ordre dans sa tête. Et ça aussi, ça compte, quand on voit combien le confinement impose de prendre ses marques.
Pour déculpabiliser
Ranger et faire le ménage sont également deux activités très valorisantes, un peu comme la cuisine ou le jardinage : découvrir le résultat est très satisfaisant et source de fierté. Ainsi, en période de confinement, et parce qu’on a aisément une piètre image de soi à force de trainer en pyjama et sur son canapé, on saisit l’opportunité de stimuler notre estime de nous-même en désinfectant les poubelles et en lavant l’ascenseur de l’immeuble (pourquoi pas coopérer).
Pour apprécier son intérieur
Autre motivation à enfin ranger, la perspective de passer plusieurs semaines chez soi. Autant que notre appartement ne pue pas et que nos paquets de pâtes soient bien alignés sur l’étagère. Donc histoire de se faciliter le confinement et d’apprécier un tantinet nos quelques mètres carré de liberté, on trouve ça judicieux de faire la poussière et de jeter les flacons de gels douche vides. On change même le canapé sept fois de place, ça nous occupe et ça nous réconcilie avec notre salon.
Pour réussir son confinement
Les conseils pour « réussir » son confinement ne cessent de pleuvoir et la pression rode. On a l’impression que si on ne se met pas au Yoga et qu’on ne mate pas tous les films d’auteurs italiens proposés gratuitement par la cinémathèque de Milan, on va foirer son confinement. Et le ménage fait partie des activités « in » du confinement (le must, évidemment, faire sa lessive maison). C’est peut-être pour ça qu’on vient de vider les placards pour les ranger : pour avoir des trucs cools à raconter à la fin. Mais vous pouvez vous détendre : il n’y a pas de médailles à gagner.
Pour préparer l’après
Si l’arrivée du printemps n’explique pas à elle seule nos élans de rangement et de ménage, il va de soi que l’envie de renouveau – le printemps étant la saison du renouveau – est plus présente que jamais. Si on a envie de troquer nos fringues d’hiver contre nos fringues d’été (pour aller au Cora…) et de s’offrir un intérieur clean et ordonné, c’est aussi parce qu’on pense à l’après, au retour des sorties, des copains, au soleil. L’idée même de démarrer bientôt une nouvelle vie pousse à la préparer dès maintenant. C’est une façon de se projeter et de tenir le bon bout, et aussi, finalement, de garder la notion du temps.
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